Lucio Fulci

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Splintered Visions - Troy Howarth

Splintered Visions : Lucio Fulci and his Films

  • Auteur : Troy Howarth
  • Editeur : Midnight Marquee Press, Ltd.
  • Date de sortie : septembre 2015
  • 366 pages

Si Lucio Fulci a toujours dit être ému par l’accueil de ses films en France au tout début des années 80, les États-Unis l’ont tout autant célébré à la même époque. L’Enfer des zombies y triomphe, et va jusqu’à faire la couverture de Fangoria. Dès lors, le réalisateur italien est considéré comme le « Godfather of Gore », et ses films sont censurés mais exploités sous diverses formes. A la fin de sa vie, il accorde un entretien fleuve à Fangoria (devenu entretemps la Bible du cinéma d’horreur), avant que les hommages ne se multiplient à l’annonce de sa mort en 1996. Le plus emblématique d’entre eux est Lucio Fulci – Beyond the Gates de Chas Balun.

Certes, l’intérêt pour le cinéaste n’a jamais fléchi, mais il se cantonne souvent à l’aspect horrifique de sa carrière. Cela ne s’explique pas seulement par le manque de curiosité, la rareté de certains de ses films n’y étant pas étrangère. Alors, face à ce manquement, l’annonce du livre de Troy Howarth  arrive à point nommé.

Né en 1977 à Johnstown, Troy Howarth est déjà l’auteur de plusieurs livres dédiés au genre : The Haunted World of Mario Bava, So Deadly, So Perverse: 50 Years of Italian Giallo Films (2015), ou encore Tome of Terror: Horror Films of the 1930s (2015) avec Christopher Workman. Splintered Visions : Lucio Fulci and His Films est donc sa nouvelle publication après qu’il ait décliné une proposition d’écrire sur Dario Argento.

Comme le sous-titre de son livre  l’indique, Troy Howarth a pour ambition de raconter l’homme et son œuvre. Force est de constater qu’il ne s’agit pas là d’un simple effet d’annonce.

Sans pour autant verser dans l’analyse filmique, l’auteur américain propose une vision intéressante de la filmographie de Lucio Fulci et de son évolution dans les genres abordés. Ses chapitres ne s’éternisent pas, mais synthétisent à la fois le contexte, les hommes et femmes derrières les films, et la qualité du résultat.

Sur ce dernier point, les comédies du cinéaste ne sont pas particulièrement discriminées. Troy Howarth apprécie Urlatorri alla Sbarra et Un Strano Tipo. Il explique l’importance de I Due Della Legione pour Ciccio et Franco, mais aussi pour Fulci lui-même. S’il n’apprécie pas particulièrement I Due Evasi di Sing Sing (pourtant un des préférés du cinéaste), l’auteur considère I Due Pericoli Pubblici comme une des meilleures collaborations du trio. Obsédé malgré lui trouve grâce à ses yeux, il voit Les 4 de l’apocalypse comme un de ses meilleurs films, et On a demandé la main de ma sœur comme une des comédies les plus réussies avec Edwige Fenech. Outre les films d’horreur qui occupent ensuite une place de choix, Troy Howarth défend La Guerre des gangs dans lequel il perçoit une œuvre « plutôt sombre et introspective ». Puis, il dit également le plus grand bien du Miel du diable, pointe à juste titre Soupçons de mort comme un retour réussi à la comédie et trouve des qualités au téléfilm House of Clocks. En revanche, selon lui, Demonia est « un des films les plus faibles de Fulci », prenant ainsi le contrepied de certains fans d’horreur qui le sauvent pour ses moments gore. Bref, l’appréciation générale exprimée dans Splintered Visions : Lucio Fulci and His Films correspond peu ou prou à celle revendiquée par luciofulci.fr.

De plus, sous la plume de Roberto Curti, le livre offre une vision intéressante de Un Uomo da Ridere, la série comico-dramatique avec Franco Franchi. Il s’agit certainement du premier texte consacré à ce sujet hors d’Italie.

Pour comprendre l’homme, Troy Howarth s’appuie sur des textes italiens, inaccessibles pour les nombreuses personnes ne pratiquant pas la langue. Il se repose aussi et surtout sur une vingtaine d’interviews rendues possibles grâce au concours de Mike Baronas. Franco Nero évoque la relation entre Lucio Fulci et Elio Petri. Al Cliver, l’acteur fétiche du cinéaste, répond avec joie aux questions posées. Beatrice Ring, elle, revient sur la production chaotique de Zombi 3. Les intervenants donnent de la vie à ce qui pourrait ressembler à un hommage poussiéreux. A noter que certains entretiens proviennent de notre site.

Quant au livre en lui-même, il ne faut pas se fier à l’horrible police de caractères aux couleurs… discutables. La mise en page est sobre, et l’iconographie se veut riche avec des affiches, photos d’exploitations et autres photos de tournage. Splintered Visions : Lucio Fulci and His Films est un bel objet même s’il est regrettable qu’une édition hardcover ait été abandonnée.

Cette réserve reste anecdotique par rapport à la qualité globale du livre. En définitive, Splintered Visions : Lucio Fulci and His Films est le meilleur ouvrage jamais publié sur Lucio Fulci, à ce jour, en dehors de l’Italie.

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